Afin d’améliorer et standardiser la saisie des données, d’optimiser le travail de terrain et dans l’optique de faciliter la transmission des données naturalistes, Nymphalis a fait appel à un développeur informatique afin de créer une base de données propre ainsi que l’application de terrain dédiée.
Concrètement, une application mobile totalement personnalisée aide la saisie et géolocalise sur le terrain les espèces observées ou tout autre élément notable (gîte, arbre, bâti, etc.). Ces observations sont ensuite centralisées (base de données), puis affichées dans un outil compatible avec les bases de données spatiales (en l’occurrence QGIS).
Ce système nous permet de gagner un temps précieux lors de la saisie des données mais aussi lors de l’édition cartographique.
Cette application sonne le glas des carnets de terrain…
N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez obtenir les coordonnées de notre magicien informatique.
Pour la deuxième année consécutive, Nature Midi-Pyrénées a organisé, le 16 janvier dernier, une journée d’échanges entre professionnels (urbanistes, services de l’Etat, bureaux d’études, naturalistes, etc.) sur la thématique de la Trame Verte et Bleue. Le thème général de la session 2017-2018 était « Des outils pour être opérationnel sur les Trames Vertes et Bleues ».
A cette occasion, Nymphalis a été sollicité par Nature Midi-Pyrénées pour présenter sa méthode d’identification de la TVB à l’échelle des Plans Locaux d’Urbanisme intercommunaux. Nymphalis a pris l’exemple du PLUi de la Communauté de Communes du Pays de Mirepoix en cours d’élaboration. A la suite de cette présentation, le lien a été fait avec la retranscription concrète des zones à enjeux et des continuités écologiques identifiées par Nymphalis dans le zonage du document proposé par l’Atelier Atu, cabinet d’urbanisme avec lequel Nymphalis travaille sur tous ses PLUi en cours.
Les échanges qui ont suivi nous ont permis de nous conforter dans le choix de cette méthodologie, nécessitant plusieurs jours de terrain et donc représentant une part non négligeable du budget total de la mission. Les naturalistes présents nous ont ainsi fait part de leurs méthodes, similaires dans les grandes lignes pour certains, et de leurs difficultés à pouvoir proposer plus de jours de repérage sur site.
Juste avant les moissons du début d’été, intéressons-nous aux espèces « clandestines » qui y vivent : les plantes messicoles, étymologiquement « qui habitent les moissons » :
Les espèces messicoles affectionnent donc les cultures extensives annuelles (pas de traitements herbicides), régulièrement perturbées afin d’éliminer la concurrence d’espèces vivaces. Elles disparaissent naturellement d’une parcelle mise en jachère, du moins, elles ne s’y développent pas et demeurent invisibles sous forme de semences dans la banque du sol. Certaines de ces espèces, qui ont un pouvoir de multiplication très important, comme le coquelicot commun (Papaver rhoeas), sont encore communes de nos jours bien que leur abondance soit sans commune mesure avec celle qui prévalait jadis.
En fait, plusieurs catégories de plantes accompagnent les cultures : une bonne part concerne des plantes non spécialisées que l’on peut également retrouver dans d’autres types de milieux (prairies, grèves, friches, etc.) ; les messicoles, au sens strict, qualifient des espèces annuelles à germination automnale qui sont considérées comme commensales des cultures, c’est-à-dire qui ne peuvent survivre en dehors du champ mais qui ne nuisent pas de manière significative au développement de la céréale. Quelques espèces vivaces à bulbe à développement hivernale et fugace y sont également associées comme les tulipes, les glaïeuls ou les gagées.
Un Plan National d’Action en faveur de la sauvegarde des plantes messicoles (téléchargeable sur le site du Ministère de l’Écologie : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Plan-national-d-actions-2012-2017.html) est actuellement mis en œuvre en France. Il concerne une centaine d’espèces qui sont menacées de disparition à plus ou moins longue échéance. Quelques espèces messicoles sont présentées ci-dessous :
En effet, toutes ces plantes messicoles sont désormais très menacées dans les pays bénéficiant d’une agriculture mécanisée à haut niveau d’intrants. Elles sont surtout menacées par l’uniformisation des cultures et l’emploi de biocides. La sauvegarde de ces plantes, à l’échelon national, dépend exclusivement de l’orientation que la société donnera désormais à son agriculture, plutôt que de la sauvegarde locale d’un habitat particulier. Par ailleurs, la majorité de ces espèces ne possèdent plus de populations sauvages hors du champ cultivé. La responsabilité de leur sauvegarde du pays qui les héberge encore s’en trouve ainsi renforcée.
Toutes ces espèces possèdent, en effet, des ancêtres qui devaient se développer au sein d’habitats dit primaires (non altérés par l’Homme) avant le néolithique. Elles représentent en fait le pendant non volontaire, de la sélection opérée depuis des millénaires par le cultivateur sur les céréales. Aussi, un contingent important de ces espèces est originaires des habitats steppiques du Croissant fertile, berceau de la domestication des principales céréales cultivées aujourd’hui (hormis le maïs). Ce premier contingent s’est ensuite enrichi d’autres espèces au fil de la progression de la néolithisation selon deux voies, au travers de l’Europe, d’une part, et, du Maghreb, d’autre part.
Ainsi, nous évoquerons ici deux exemples particulièrement représentatifs de la gent messicole : la Nielle des blés (Agrostemma githago) et l’Ivraie enivrante (Lolium temulentum). Ces deux espèces autrefois considérées comme très communes, voir banales, sont issues de la sélection involontaire de populations autochtones au Proche-Orient, respectivement d’Agrostemma gracile et de Lolium persicum.
Ainsi, les premiers champs de céréales, il y a 10 000 ans pour schématiser, de la région Proche Orientale devait être des habitats favorables pour le développement de ces deux espèces indigènes annuelles des pelouses steppiques. Au fur et à mesure de l’évolution des pratiques de culture des céréales (date des semailles, sélection volontaire pour la taille des grains, dates de récolte, etc.), une sélection s’est produite au sein des populations de ces espèces au point de les faire diverger morphologiquement des populations restées sauvages. L’adaptation aux pratiques culturales a été poussée à un tel point, pour ces deux espèces, qu’elles sont désormais considérées comme des espèces différentes des populations sauvages d’origine. Ces « nouvelles » espèces messicoles sont particulièrement bien adaptées au cycle cultural des céréales d’hiver, des légumineuses annuelles et du lin. Les graines de ces deux espèces vont ainsi jusqu’à mimer la taille et le poids de celle des céréales, notamment du blé. Mieux, d’autres variétés morphologiquement différentes de Lolium temulentum, appelées Lolium remotum se sont adaptées à d’autres cultures comme celle du lin à partir du même ancêtre commun Lolium persicum.
Le pouvoir d’adaptation particulièrement important de ces deux espèces à une culture particulière est devenu leur Talon d’Achille après la révolution agricole et, notamment la conjonction du tri performant des semences (très délicat avant car les graines sont similaires en taille ou en poids à celles de la culture hôte) et des traitements herbicides. En effet, après avoir occupé jadis probablement tous les champs de céréales de France et de Navarre, on ne les retrouve plus que dans quelques régions de moyenne montagne au sein desquelles les céréales sont encore utilisées pour la nourriture des animaux et donc non triées et peu ou pas traitées.
Les espèces les plus menacées ou qui ont subi les plus intenses régressions partagent souvent les même traits biologiques :
durée de vie des graines très courte (1 ans pour la Nielle ou pour la Garidelle), la jachère ou la culture fourragère par assolement était d’ailleurs un moyen de lutte contre la prolifération excessive de ces espèces avant la révolution agricole récente ;
compétitivité diminuée en proportion des apports d’engrais. Ce sont en effet des espèces qui supportent plutôt des sols assez pauvres ;
adaptation très poussée au cycle cultural, ce qui les élimine directement dès qu’un seul paramètre change dans le mode de culture.
De nos jours, n’ayant plus d’habitats primaires au sein desquels se replier, les populations des espèces de plantes messicoles s’éteignent de départements entiers ne survivant plus que dans quelques régions où l’agriculture extensive garde encore une place : Grands Causses, Haute-Provence, Cerdagne, etc. A basse altitude dans les grandes plaines céréalières, les parcelles de céréales riches en messicoles sont, en effet, devenues rarissimes.
Comment trouver des espèces messicoles ?
repérer un champ de céréales au sein duquel on aperçoit des bleuets ou des coquelicots. Leur présence est systématique dans les parcelles au sein desquelles on observe des messicoles rares. Cependant, la proposition réciproque n’est pas forcément vraie : là où l’on trouve coquelicots ou bleuets, il n’y a plus forcément les espèces les plus rares de messicoles.
au sein de ce champ, scruter surtout dans les coins de la parcelle où la diversité en messicole a le plus de chance d’être maximale du simple fait de la moindre intensité des traitements phytosanitaires ou des amendements.